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Islam radical: le Sahel est devenu la région du monde où le terrorisme fait le plus de victimes

© Ivan Bruno / Getty Images (photo d'illustration)
Désormais, la majorité des décès liés au terrorisme dans le monde ont lieu au Sahel. Les auteurs ont trois cibles: les chrétiens, les musulmans modérés et les écoles. Illia Djadi, analyste pour Portes Ouvertes, explique quelques aspects.
Charlotte Moulin

En collaboration avec l’ONG de soutien aux chrétiens persécutés Portes Ouvertes et le groupe biblique étudiant GBEU, Amnesty International organise un cycle de conférences à l’université de Genève entre le jeudi 27 et le vendredi 28 mars. Les interventions, les échanges et la tenue de stands d’information forment ainsi le projet «Persecution of Christians», qui a pour but de sensibiliser le public à la persécution des chrétiens.

Plus de la moitié de tous les décès liés au terrorisme

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Illia Djadi, journaliste et chercheur spécialisé dans les questions socio-économiques et politiques en Afrique et analyste pour Portes Ouvertes, y donne le 27 mars une conférence intitulée: «Sahel: nouvel épicentre des violences en Afrique». Le 24 mars, à l’approche de l’événement, la RTS a tendu le micro à cet expert en liberté religieuse lui-même originaire du Niger, qui a notamment rebondi sur les chiffres du dernier Indice mondial du terrorisme, publié par Vision of humanity. Le document indique que pour la première fois en 2024, le Sahel concentrait «plus de la moitié de tous les décès liés au terrorisme» dans le monde, soit au moins 3900 personnes tuées sur un total d’environ 7500. Un phénomène qui n’étonne pas Illia Djadi, puisque les faits de terrorisme se sont déplacés, au fil de la décennie écoulée, du Proche-Orient vers le Sahel et vers l’Afrique de l’Ouest.

Selon lui, les villages et communautés du Sahel (d’est en ouest: le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad) sont la cible de deux réseaux, «quasiment au quotidien»: l’Etat islamique et la branche locale d’Al-Qaïda. «Ces groupes qui attaquent leur donnent un ultimatum, très souvent et c’est un classique: “Convertissez-vous à l’islam”.» «Ils reviennent et ils vérifient ce qui se passe. Très souvent, la plupart des habitants refusent de se convertir et préfèrent prendre la fuite», explique Illia Djadi. «Ce sont des pans entiers qui passent sous le contrôle de ces groupes et des milliers de personnes qui préfèrent fuir pour sauver leur vie plutôt que de subir la charia, qui est leur projet de société.»

L’argent ne manque pas

Les extrémistes visent particulièrement trois cibles: les chrétiens, les musulmans modérés (le Sahel a toujours connu un islam de type tolérant, précise l’analyste) et les écoles. «L’école est pour eux le véhicule de la civilisation occidentale et par extension, de la civilisation chrétienne.» Et le financement n’est pas un problème. «Ils ont de gros moyens parce qu’ils ont réussi à développer une économie criminelle. Ils s’autofinancent à travers des trafics illicites (…), ils imposent aussi des taxes aux communautés pour vivre en paix mais aussi ils raquettent, ils pillent les ressources, notamment le bétail (…) et les ressources minières.»

Quelles pistes pour enrayer le phénomène? «Il faut une prise de conscience globale. Il faut lutter contre toutes les sources de fragilité pour que les Etats puissent se doter des moyens pour lutter contre ces phénomènes-là. Mais aussi, il faut lutter contre le radicalisme qui prend de l’ampleur aujourd’hui et est devenu une menace existentielle», conclut-il.

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