Tunisie: Les évangéliques co-signent une charte pour «combattre la violence, l’extrémisme et la haine»

Le président tunisien Kaïs Saïed s’arroge les pleins pouvoirs. Après avoir gelé les pouvoirs du Parlement en juillet 2021, dominé par le parti islamiste Ennahda, le chef du pays a décidé de fermer l’institution judiciaire, le Conseil supérieur de la magistrature, dans la nuit de dimanche à lundi. Un choix critiqué qui n’a pas empêché les minorités religieuses de signer un texte conjoint, un pacte de cohabitation commune entre les religions. Celui-ci rejette «toute marginalisation des femmes» et appelle à «une mise à jour des programmes d’enseignement qui contribue à préparer les jeunes à accepter la diversité, afin de les protéger des griffes de l’extrémisme».
Malgré les vives tensions politiques, les minorités religieuses baha’ie, soufie, chiite, juive et évangélique du pays ont donc signé cette charte le 26 janvier, sous le contrôle du ministère des Affaires religieuses. Le média Evangelical Focus note toutefois que le document n’a aucune obligation légale. Cependant, «c’est le résultat d’un travail de 3 ans, après de nombreux dialogues», se félicite Basma Maria Baccari, secrétaire générale de l’association pour l’égalité et la liberté Attalaki , qui a plébiscité la signature de la charte.
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Les évangéliques veulent «coexister au milieu des autres»
L’Eglise évangélique de Tunisie était représentée par deux responsables dans cette signature: Kamal Ouled Fatma et Ahlam Arfaoui. «Dieu est Amour, il n’est donc pas possible de coexister isolément des autres», assurent-ils à Al-Ain News. «Le Christ nous a enseigné à ne pas condamner pour ne pas être condamnés, et d’aimer ceux qui ne nous aiment pas», assure Kamal Ouled Fatma. «J’ai donc été honoré de participer et de signer cet accord, qui exprime l’unité dans le cadre d’une citoyenneté qui embrasse la diversité.»
Le document a également été signé par un représentant de la communauté baha’ie, le rabbin de la synagogue juive de La Goulette, le chef de l’Union soufie ainsi qu’un membre du Centre chiite Ahl al-Bayt. Il invite à «combattre la violence, l’extrémisme, la haine et les discours qui appellent à l’exclusion de l’autre». Toutefois, après cette signature historique, plusieurs représentants religieux et de l’association Attalaki ont reçu des messages de menaces et d’insultes. Ils proviendraient de dirigeants musulmans radicaux et d’intellectuels, qui affirment que «la Tunisie est un pays musulman et le restera».