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«Je n’ai plus de désir pour mon conjoint»

Yves Dufour, sexologue chrétien, décrypte les mécanismes autour de la panne de libido et répond à quelques questions de femmes
Evangéliques.info

«Depuis que je suis mère, je me cantonne dans mon rôle et j’ai de la peine à redevenir épouse au point que mon mari a menacé de me quitter. Je le trouve injuste. Qu’est-ce que j’y peux?»
A six mois, l’enfant est encore petit et il est normal que cette femme soit investie dans son nouveau rôle. Si dans deux ans, l’équilibre entre le rôle de femme et de mère n’a pas été retrouvé, il faudra se demander si le désir sexuel ne répondait qu’à un besoin d’enfant. Les menaces du mari me semblent précoces. Le désir de sa femme va revenir petit à petit. Est-il informé qu’il vit une situation courante?
–CREDIT–
«J’ai subi une ablation de l’utérus et depuis, je n’ai plus de désir pour mon mari. Cela fait près d’un an que nous n’avons pas fait l’amour. Je maintiens qu’à notre âge, ce n’est plus un aspect central de notre relation sentimentale, mais je sens bien qu’il n’est pas d’accord.»
On n’a pas les mêmes relations sexuelles à vingt ou à soixante ans. Mais il n’y a pas d’âge pour la sexualité. Il est risqué d’imposer à son couple sa vision de la sexualité et de son terme. Le désir se cultive. Et moins on fait l’amour, moins on a envie de le faire. Retrouver le goût de la sexualité, c’est un apprentissage. Je dis souvent en consultation: apprenez à savourer, mettez-vous en route et cultivez la surprise, transgressez d’un commun accord votre routine.

«Nous sommes en couple depuis plusieurs années, sans enfant. Je n’ai pas vu la routine s’installer, mais je ressens depuis peu de l’ennui dans nos rapports. J’ai peur de blesser mon mari en le lui disant mais je ne veux pas non plus m’enfermer dans la simulation.»On peut bien se sacrifier de temps en temps, mais si cela devient une habitude, on en viendra bientôt à détester les relations sexuelles! S’il y a un décalage entre le rythme souhaité par les conjoints, il faut en parler, fixer des objectifs réalistes, dans un compromis. Et souvent, après plusieurs années de vie commune, il est nécessaire de remettre du rêve dans le couple. Il est de la responsabilité du couple d’explorer ce qui est excitant pour chacun des partenaires, tout en restant dans le cadre du mariage.

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Le désir évolue au fil de la vie

Trois fois par semaine, une fois par mois? Yves Dufour estime qu’on ne peut définir le désir ou son manque par statistiques. «Il y a des couples qui font l’amour une fois par mois et qui sont heureux», assure-t-il. Une constante parmi les couples qui viennent le consulter: des besoins différents entre les deux partenaires. Le conjoint le plus demandeur va facilement associer la neutralité de son conjoint face à ses avances à un manque de désir. Chez la femme en particulier, certaines saisons de vie sont davantage marquées par une baisse de désir sexuel: la grossesse, le post-partum (jusqu’à une année) et la traversée de la ménopause. Chez l’homme, des fluctuations peuvent provenir du stress et des préoccupations quotidiennes. Parallèlement à ces mécanismes individuels, le désir passe naturellement (mais pas toujours de façon linéaire) par différentes phases: de l’amoureuse-fusionnelle au désir de parentalité en passant par le désir qui permet de soulager une tension sexuelle et celui qui répond à des besoins affectifs ou génitaux. Mais c’est un défi de maintenir un désir sexuel dans le cadre d’un mariage chrétien, sur toute une vie avec la même personne un beau défi.

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